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4ème de Zouaves
14 juillet 2012

Comment je suis devenu fourrier et gérant des

 ZOUAVES_PIGNOL_jacques_portrait  Comment je suis devenu fourrier et gérant des mess Officiers et S/Officiers du Commando V66.

Après 14 mois d’opérations, j’étais très fatigué. Le Capitaine DURANTON me proposa les postes de fourrier et de gérant des mess Officiers et S/Officiers en remplacement du Sergent BAGOT libérable. Etant Caporal, je ne pouvais y prétendre, il fallait être au moins Caporal/Chef. Alors, le Capitaine me fit une proposition avec deux épreuves :

La première consistait à prendre sa jeep avec le chauffeur, et me rendre au Magasin Central d’Habillement de B.B.A . pour échanger sa tenue n° 1 usagée contre une neuve, et cela gratuitement, ce qui était impossible car dans ce cas, les Officiers devaient aller à Alger et la payer. J’essuyais donc un refus de l’Adjudant responsable de l’habillement de B.B.A. Une chance, un Sergent sympa me dit alors : « Jacques, donnes-moi la tenue usagée et en voici une neuve. Caches-là et parts vite. » De retour à la ferme S.A.R., le Capitaine fut surpris, mais content.

La seconde épreuve me conduisit une semaine à Constantine pour y faire un stage d’optique, suivi d’un examen que j’ai réussi avec la note de 13/20.

 Voilà comment j’ai obtenu mon galon de Caporal/Chef et les postes proposés. Ensuite, j’ai pu obtenir le reclassement de 3 camarades de mon équipe. Mario devint barman au mess, un autre aux cuisines du mess et le troisième fut muté à l’armurerie du Commando à la ferme S.A.R..  

  *

 Revue d'armement chez les harkis du V66

 

Un jour, le Capitaine DURANTON me demanda de faire une revue d'armement chez les harkis de la Harka 707 pour vérifier leurs fusils Mas 36 et leur dotation de 90 cartouches. Dans mon magasin d’armes, les cartouches étaient stockées par lots et chaque lot portait un N° de cartouche. J'avais fait deux classements : celles qui serviraient pour les opérations et celles pour l’entrainement au tir. 

 Lors de cette revue, je mis en évidence qu’un harki, un fellagas rallié, (Il aurait fait partie de la garde rapprochée d'AMIROUCHE) avait remplacé ses cartouches destinées aux opérations par celles servant au tir d'entrainement. 

 Suite à mon rapport, le Capitaine DURANTON l'interrogea et découvrit que non seulement il donnait ses cartouches aux fellagas, mais aussi, il leur donnait des renseignements sur nos déplacements !

  *

 Le mess de la ferme S A R au Commando V 66 du 4ème Zouaves.

 Une pièce centrale, c'est la cuisine avec trois cuisiniers, Zouaves de 1ère Classe, qui préparent les repas des Officiers et des Sous-officiers avec la même nourriture que la troupe. Quelques plats payants, à la carte, sont proposés. Le plat le plus demandé : deux œufs cassés sur une tranche de jambon. A droite en sortant de la cuisine, le mess des Officiers, où une cheminée a été nouvellement construite, à gauche celui des Sous-officiers. C'est là où se trouve le bar, qui est commun. Il est tenu par le première Classe MARIO, Nous y trouvons bière, jus de fruits, eau minérale et toutes sortes d'alcools, dont le Pastis. Pour que tout soit clair avec MARIO, nous avons calculé combien de verres nous pouvions remplir avec une bouteille. Je tenais une comptabilité et remettais l'argent au Major comptable et au secrétaire, le sergent Jacques MARTIN, avec qui je partageais ma chambre. Les consommations pouvaient être payées comptant ou au mois, Mario tenait le cahier. Les bénéfices servaient à améliorer le confort, toujours sur ordres du Capitaine DURANTON : achat de ventilateurs et autres. Un jour, le Capitaine m'envoya à Sétif acheter dans un magasin spécialisé, une trentaine de bérets noirs, moins grands que ceux que nous avions dans notre paquetage, bérets pour les Officiers et les Sous-officiers. 

Je m'occupais aussi de l'appro, achat des boissons, jambon et plus à M'Sila, deux fois par semaine. J'ai été également chargé d'organiser au mess une soirée dansante avec quelques filles qui vivaient à M'Sila : Postières, infirmières etc... Le Capitaine DURANTON les avait contactées. Elles allaient souvent danser au 12ème RCA. Pendant ma période, une seule soirée organisée, du temps de mon prédécesseur, trois ou quatre. 

Une cheminée avait été construite par le 1ère Classe BERVILLE, celui-ci n'aimait pas faire les opérations. Dans le civil, il construisait des pavillons avec son père, donc avec les prisonniers que nous avions pour faire les corvées, il se mit au travail avec succès. Egalement sous un préau, il construisit des douches, auparavant, il n’y en avait qu’une seule dans une cabane en bois. 

ZOUAVES_PIGNOL_macon_1958

 Le jour où le commando était en opération, je m'occupais des tours de garde. Un homme en haut de la tour nord qui était équipé d'un phare et d’une 12,7. Au mirador sud, un autre homme. Entre les deux, les chiens du Peloton Cynophile. Un caporal ou un sergent faisait la ronde, le camp était entouré de barbelés. 

Le jour où le Capitaine DURANTON passa ses consignes à son successeur, j'ai eu droit aux félicitations de sa part, ce qui ma bien fait plaisir. Ses 10 mois de gérance du mess me permirent de me refaire une santé, j'en avais bien besoin, et en plus, mon patron à la concession Renault de Clermont m'attendait avec impatience. 

Le jour, sur le bateau du retour, le "ville d'Alger", je voyais la ville s'éloigner et je n'imaginais pas qu'un jour, je serais amené à y revenir, non pour y faire la guerre, mais pour faire du commerce. Mais ceci est une autre histoire. 

 ZOUAVES_PIGNOL_Ville_d_Alger

 

 ZOUAVE_ADELL_1  Sergent  Jean ADELL,  1ère Compagnie :

 ZOUAVES_ADELL_Ville_de_Marseille

 Il s'agit du '' VILLE DE MARSEILLE '' à quai à la Joliette.   

 C'est à son bord qu'un détachement de 52 hommes (dont moi même) venant du 92ème R.I. de Clermont-Ferrand a embarqué, le 17 janvier 1960, après un bref passage par le camp de Ste Marthe.

Après une nuit très agitée par une mer grosse dans la traversée nocturne du Golfe du Lion, nous débarquâmes le lendemain 18 janvier à Alger. Passage d'une nuit par le centre de transit et accueil, et acheminement par voie ferrée jusqu'à B.B.A. Là, les véhicules du Bataillon nous attendaient.

En fin de journée, la base arrière du 4ème Zouaves sur M'Sila nous accueillait. A partir de là, nous avons été, après perception du paquetage de circonstance, dispatchés, pour la plupart d'entre nous, sur les Compagnies qui cantonnaient au nord, dans les Maâdid. Pour moi ça sera la 1° Cie à mechta DECHRA. C'était mes premiers pas de mon périple en Afrique du nord.

 La gastronomie dans les Maâdid ou bien, l'art d'améliorer l'ordinaire.                                            

Pendant notre présence au poste du '' Plateau '' - col de Hammam -, à coté de Bichara, nos patrouilles nous menaient assez souvent aux abords de mechta Régata, à 2 kms à l'est de notre base. Notre progression nous faisait côtoyer une longue séguïa que les fellahs du coin avaient réalisée en captant l'eau de l'oued Selmane. Ce petit canal de dérivation leur permettait de tenir des lopins de terre produisant de petits potagers.

Or, chemin faisant, nous avions remarqué la présence d'une importante colonie de grenouilles qui s'empressaient de disparaître à notre approche. Rentrés au camp, nous en fîmes part à notre cuistot, Roger TARANO. Intéressé par l'info, il nous proposa, moyennant une bonne récolte, de nous cuisiner, sans problème, ces '' bestioles ''  

Quelques jours après et avec l'assentiment de notre chef de poste, une sortie '' spéciale '' fût lancée. Prélevant 2 ou 3 petits sacs sur le mur de protection du mortier de 81, nous prîmes la direction de la séguïa repérée. En quelques dizaines de minutes, cette chasse aux batraciens bondissants, aidés de chapeaux de brousse, épuisettes de fortune et autres, nous permit une copieuse moisson. Trois sacs pleins ......

De retour au camp et dans la foulée, quelques zouaves se dévouèrent pour décortiquer notre butin. Confiées à l'ami TARANO, les cuisses furent apprêtées avec brio. Avec les moyens du bord, sautées  à la poêle et accommodées avec bonheur, les zouaves du moment ne purent que se réjouir de ce supplément improvisé au menu du jour. Un délice ! .... un vrai régal ! ...............

L'opération fût renouvelée encore une fois, à l'entière satisfaction des hommes de la Section.

Mais le coté cocasse de cet événement fût la surprise des autochtones du coin, qui nous voyant courser et capturer ces vives bestioles, nous demandèrent ce que nous voulions en faire. En apprenant que le but était de les consommer, ils manifestèrent une vive et notoire réaction de dégoût, accompagnée de cris de répugnance totale. A leurs yeux nous étions que de vulgaires dégueulasses mangeurs de cochonneries.

Ils n'ont jamais soupçonné le plaisir qui fût nôtre, et ce dont ils se privaient.

Récit de l’événement qui me valu un départ inopiné du Bataillon.

L'événement par lui même n'a rien de sensationnel. Ce départ impromptu du Bataillon est dû à la maladresse d'un camarade de chambrée. Incident très classique et assez fréquent parmi les unités sur le terrain.

C'est l'arme individuelle ( P.M. MAT 49 ) que l'on démonte et remonte après son entretien. Une culasse que l'on manœuvre pour s'assurer que tout joue, sans réaliser que son chargeur a été glissé dans son logement. Et c'est la rafale qui part et me passe sur les pieds. Un des projectiles me traverse de part en part le coup de pied gauche.

Notre poste à Zitoun étant dépourvu d'infirmerie et ne disposant d'aucun véhicule pour rallier le  P.C. de notre compagnie, c'est le responsable civil du village possédant l'unique auto du coin qui me transportera, à travers piste, jusqu'à M'Sila à l'infirmerie du 12ème RCA. Après un pansement approprié, c'est chez eux que je passais ma dernière nuit au bled. Dès le lendemain matin, une liaison sanitaire me déposait à l’hôpital militaire de SETIF. Passage en service chirurgie - plaie et double fracture - c'est un plâtre jusqu'au genou qui me bloquera pied et tibia gauches.

Etant libérable pour la fin décembre, les autorités décidèrent mon rapatriement sur la métropole.

A bord d'un NORATLAS 2501, au départ de Télergma, je quittais l'Afrique du nord le 13 déc. 60. Débarquement au Bourget ; bref passage par l'H.M. Bégin à St Mandé et via la gare de Paris Lyon j'aboutissais, à la mi-décembre à l'H.M. Desgenettes à LYON ; ma région d'origine.

Libéré de mon plâtre, je me suis vu dirigé sur le service des contagieux car, entre temps, j'avais contracté une hépatite virale ( jaunisse ). Un mois entier de soins, plus les séances de rééducation, permissions de convalescence et de libérable et c'est la CAR 8 de LYON qui me renvoya à la vie civile. La plaisanterie m'a valu 2 mois de rab au compteur.

Les années se sont  écoulées sans que je ne garde la moindre séquelle de ces fâcheux événements. Mon seul regret c'est ce départ imprévu qui m'a éloigné brusquement des camarades restés au bled.

 

  zouave_gaston_tissier Zouave de 1ère Classe Gaston TISSIER, Classe 60/1c.

Après 4 mois de classe au 92ème RI à Clermont-Ferrand, départ pour l'Algérie.

Je suis affecté au 4ème Zouaves, 3ème Compagnie, au Commando de chasse v66.

J’ai effectué 24 mois d'opérations,

Mes talents aux ciseaux et à la tondeuse ont fait de moi le coiffeur de la Compagnie.

Deux de mes copains, dont j'ai oublié les noms, l'un était menuisier, l'autre mécanicien. Avec un pied de guitoune, ils m'ont fabriqué une quille 60/1c en utilisant une roue libre de vélo avec une chaine et des ciseaux à bois. (Je possède toujours cette quille souvenir).

Les noms inscrits sur la quille sont les suivants :

Barrailler                   Foray                          Pierret

Batent                       Faye                            Garde

Batut                          Montagnon               Raynaud

Binetti                        Mathevet                    Robert

Conchon                   Marion                        Sarry

Chabert                     Paulet                         Tissier

Drillien                       Portal                         Thiebaut

Donadieu                  Prieto                         Thonier

1ère Classe, j'ai été démobilisé à Oran au mois de juin 1962.  

ZOUAVES_TISSIER_1_copie             ZOUAVES_TISSIER_3_copie          ZOUAVES_TISSIER_2_modifi__1       ZOUAVES_TISSIER_4      

 

********

 

À la CCAS du 4ème Zouaves, de mai 1959 à mai 1961.

Témoignage du Zouave Jean-Louis PERDRIAU.

 92615784_o copie

  Quand j'ai accepté de raconter quelques souvenirs de mon passage chez les Zouaves, je pensais que ce serait un travail rapidement rédigé. Mais il fallait mettre en ordre les souvenirs qui ne revenaient pas toujours au bon moment dans le fil du classement. Alors ma plume s'empêtra, dès le début, dans plusieurs traquenards et pièges à loups. Et plus grave, j'étais de moins en moins sûr de ma mémoire : des noms et des dates me semblaient trop imprécis pour être livrés en l'état. Des vérifications s'imposaient. Quand je serai incertain des dates, des lieux, des personnages, ce sera en italique. Ne pas oublier que je remonte 55 ans en arrière, avec un cerveau qui a 76 ans ce 21 novembre 2014.

La traversée de la Méditerranée a été sans histoire sur le « Mal Joffre », un paquebot transformé en transport de troupes depuis l'Indochine, et cela se voyait et surtout se sentait. On avait encore la tête pleine des souvenirs de la virée à cinq ou six, en taxi, vers la rue Thubaneau. Je me contentais de garder sur moi les portefeuilles des camarades qui eux s'étaient dirigés vers l'intimité de profondes caresses avec les péripatéticiennes du quartier chaud de Marseille.

Pas le temps d'admirer, la blancheur d'Alger, l'embarquement fut rapidement mené, dans un train avec encore des wagons de 3ème classe. Les gorges impressionnantes (Palestro ) dont tout le monde s'entretenait du danger de les franchir, nous obligea à réfléchir aux difficultés de la tâche qui nous attendais. L'arrêt à B.B.A., c'était ainsi que maintenant sera nommé entre nous Bordj Bou Arreridj. Les véhicules du 4ème Zouaves nous attendaient pour rejoindre la base arrière de M'Sila.

Un arrêt subit en cours de route ne manqua pas de nous interroger ? Les anciens qui nous convoyaient se firent rassurants : les fellagas savent l'arrivée des bleus qui n'ont pas encore reçu leur armement et ils marquent le coup. Cela se passait en tête du convoi où le scout-car ouvrait la marche. Réalité ou simple crevaison d'une jeep, nous ne le saurons jamais, comme si la réponse était réelle ou pour nous mettre dans l'ambiance.

La dotation apparut imposante avec les Jakett Drils en double, les Naïs et le chèche à mettre autour du ventre la nuit. Et puis on toucha un Mas 36, quelle modernité par rapport à l'US 17 de nos classes.

Réembarquement pour se diriger vers M'Zita, là où devait commencer notre tâche. En l'occurrence la protection du pipe line en cours de réalisation à partir de Hassi Messaoud et qui devait se terminer à Bougie.

 reprise 7     reprise 8

 Images de documentation, mais on peut se rendre compte du diamètre du tuyau : 20 à 25 pouces ??

Le camp était d'un coté de la ligne de chemin de fer, mais on nous dirigea vers le D.I.M., le dépôt des isolés métropolitains. Une «  Marabout » posée de l'autre coté, dans une carrière de sable. Le groupe de ''bleus '' eut droit à l'accueil traditionnel. Une rapide inspection des dents et de la chevelure, quelques contrôle des valises, mais sourires et rigolade l'emportèrent rapidement. Puis ce fût la première garde. Au bout du camp, avec en plus de l'arme réglementaire, une grenade. Oh là, c'est du sérieux qui commençait ! Pour ma part, ce sera à l'autre extrémité, mais moins éloigné du campement. Plus rassurant, oui, mais quand la rétractation des rails et des traverses métalliques fit entendre craquements et claquements divers, je peux dire sans honte que le gars de vingt ans n'était pas très vaillant, il ne risquait pas de s'assoupir. Le lendemain matin, on nous ventila dans les Compagnies et les Sections. Une séparation qui ne fut pas traumatisante, nous n'avions pas eu le temps de copiner. Il ne restait aucun contact des premières chambrées de notre formation dans la Coloniale, au 21ème R.I.C., en l'occurrence le C.I. 7, le Centre d'Instruction N° 7 à Constance en Allemagne.

 

Dans la section transmissions de la C.C.A.S.

On me dirigea, vers le groupe des transmissions, dans une SOFACO, un des éléments démontables dont les panneaux étaient dans une sorte de super menuisite, avec une âme de polystyrène. Ces panneaux, comme le toit de même composition mais étanche sur le dessus et plus longs, se glissaient dans un cadre en cornières, pour le transport et qui retourné servait de plancher. Pour cette première affectation, on m'affecta au central téléphonique. Avec surprise, je reconnu dans un Caporal du groupe, le Lieutenant qui dirigeait la fameuse inspection de la veille !!

Après quelques explications, la tâche me semblait dans mes cordes, mais dès le lendemain matin, je fus rapidement éjecté. Sensé être de faction également la nuit, mon lit Picot se plaçait au plus près du central que j'avais ainsi juste au dessus de la tête. Dans la nuit il y eut un appel, la petite réglette retomba puis la sonnerie se fit entendre. Mais voilà, pour sonner, elle sonna assez pour réveiller les autres Zouaves qui dormaient dans la pièce voisine séparée. Il y en a un, le premier énervé, qui se leva, établit la communication. La SOFACO retrouva son calme, jusqu' au matin. C'est ce qu'on m'expliqua à mon réveil car la conscience tranquille, je n'avais aucun souvenir autre qu'un sommeil continu. Que pensez-vous qu'il arriva ? on me dirigea vers la tente du matériel pour aider un nommé MONTAGNON (photo). Je coucherai désormais sous la toile, pour dormir tranquillement.

  ZOUAVES_LAVOINE_1_marcel_astruc        reprise 9

Sur une photo du blog, je crois le reconnaître à gauche, et sur l'autre à droite : le Caporal-lieutenant.

Avec son camarade que je croyais être ASTRUC, ils revenaient des cuisines après une liaison tardive.

J'ai donc appris à reconnaître le matériel. Toutes les semaines, l'ensemble des postes était passé au pinceau, avec du pétrole. Le stock de piles était tenu à jour. Les BA-70 les plus lourdes et les plus utilisées pour les SCR 300 et qui chacune valait le prix d'un rasoir électrique Philips, comme des affichettes incitaient à en ménager l'usage. Il y en avait quelques-unes qui servaient à éclairer les joueurs de Tarot. En shuntant les différentes sorties, les 90 et 60 volts avaient assez de puissance pour alimenter une ampoule de 110 volts. Les cuisines ne subissaient guère de refus, à charge de revanche. Au minimum, les bouteillons (bouthéons) étaient toujours approvisionnés en café. Le service auto devait sortir encore un peu de lueur avec les 4,5 volts suffisants pour une ampoule de jeep.

C'est que la grande '' Marabout '' était pleine. Il y avait des éléments inutiles : les vieux et peu efficaces SCR 536 et un stock incroyable de BA 38, carrées et tout en long. Tout cela avait été remplacé par le TRPP8 et la BA-270/U. bien plus pratique. Et aussi de grosses caisses libérées sans doute de munitions et qui regorgeaient de postes téléphoniques civils avec levier d'appel, portant une plaque : << propriété de l'Etat Tunisien >>, sans doute emportés par inadvertance au moment où le Régiment quitta ce Pays, fin avril 1958. Les anciens qui venaient de là-bas nous racontaient la mise en œuvre de gigantesques caisses de bois pour camoufler le scout-car et le half-track et les sortir alors qu'ils étaient non autorisés avant l'indépendance de ce Pays. En tout cas, il fallait se coltiner ces caisses de téléphones volés à chaque déplacement.

 

Après M'Zita : Akbou

Après quelques semaines, on se retrouva à Akbou, un élément précurseur ayant déjà sécurisé l'emplacement. Le pipe line avançait parait-il de 3 kilomètre par jour ; un dur travail pour les soudeurs et ceux qui enrobaient le tube de protection : goudron et autres toiles avant de l'enterrer à près de un mètre de profondeur. Et que dire de celui qui contrôlait et nettoyait les soudures par l'intérieur, se véhiculant sur une plate forme fixée sur des tubes. Les sections de protection devaient être assez éloignées, il n'avait pas été tiré de lignes téléphoniques et c'est une estafette sur un cyclo Peugeot à galet sur la roue arrière qui assurait les liaisons. Il se nommait '' LALICHE '' je crois. Il poussait aussi les ordres jusqu'au campement des gardes civils qui était au plus proche des ouvriers de la Socoman , société qui assurait la mise en œuvre. Ces gardes civils étaient pour la plupart d'anciens légionnaires, le visage buriné souvent aviné, la barbe douteuse de reste de repas. Ils étaient armés avec des P.M. à crosse de bois, pas de première jeunesse. On les voyait au Foyer quelques fois, et il y avait de bons coups à faire en fin de mois, ils revendaient leur transistor à petit prix, pour faire provision de boissons alcoolisées. On voyait de loin leur guitoune surmontée d'un drapeau avec une tête de mort. C'était de bons gars, difficiles à comprendre en fin de soirée : un peu trop chargé, avec l'accent guttural de leur pays natal. Ils tenaient jusqu'à la fermeture du Foyer.

Le village lui même était un peu plus haut et à quelques centaines de mètres de notre camp. Aussi à l'occasion d'une fête religieuse, c'était je pense le 15 août, l'Adjudant de Compagnie organisa un transport en GMC pour assister à la messe. Nous n'étions qu'une bonne dizaine, mais l'église n'était pas grande, on se serra autour de l'autel, le MAS 36 le canon en bas.

C'est l'Adjudant qui jouait de l'harmonium, et pour être plus à l'aise il avait enlevé son ceinturon et son P.A., on ne le saura qu'après la cérémonie. Alors qu'on jouait au tennis de table dans le plus proche café, on vit le sacristain traverser la place, recherchant le propriétaire de cet armement individuel. Je n'ai jamais su le nom de cet Adjudant : ses menues jambes sortant de son short l'avaient fait surnommé ''La Gazelle ''. On laissa partir le camion, et après une Kro désaltérante, on regagna le camp à pieds.

Sur notre chemin il y avait un établissement spécialisé, de ceux que Marthe Richard avait fait supprimer en France. On se questionna bien un peu pour savoir si on s’arrêtait, pour voir bien sur. On était trois, mais qui ? Il y a bien trop longtemps pour se souvenir. En tout cas, on entra : en face un escalier qui montait aux chambres, à gauche un petit bureau dans un angle de cette entrée, une salle d'attente à gauche et à droite une autre petite salle avec un bar. Que croyez-vous qu'il arriva ? On délaissa les gentes dames grassouillettes qui faisaient le va et vient avec l'étage, on se dirigea vers le bar. Quoi boire ? Ah une bouteille carrée avec son ruban rouge, on se fit servir trois Cointreau. On retrouvait un bon goût, en plus de ma région .Cela nous coûta un peu plus de cinq francs chacun, mais que c'était bon.

Ce bon Adjudant, un jour que les pans de la tente étaient relevés pour aider la ventilation à faire baisser la température, se glissa au milieu du matériel. Moi j'étais dans mon coin à lire, MONTAGNON au fond à vérifier je ne sais quoi, quand ''la Gazelle '' me fit remarquer que je n'étais pas trop malheureux. Le son de sa voix fit bondir mon compagnon, son visage changea de couleur, le ton de sa parole se hissa au plus haut et apostrophant vivement le gradé, il lui intima l'ordre de sortir immédiatement : il n'y a que le chef de Corps et l'Officier des Transmissions qui sont autorisés à pénétrer dans les locaux du matériel. J'en fus estomaqué, le juteux aussi. Il tourna les talons et repassa par où il était entré, sans demandé son reste.

Un soir, on assista sur un piton voisin à l'assaut d'un groupe de gourbis. Tout cela fait dans les règles de l'Art. Des Officiers avec leurs jumelles reconnurent un élément de la légion. Ils dirent leur admiration pour la rapidité et la netteté de l'action, on avait là le meilleur des combattants pour notre Drapeau. C'était l'époque des grandes opérations : Jumelles et Étincelles.

Quand la CCAS démonta pour rejoindre Oued Amizour, notre dernière étape, je restais en base arrière avec une partie du matériel. Pas de garde le jour, mais tour à tour on '' faisait le planton ''. En chemisette, short, chaussettes hautes et souliers bas, nous décrochions une chaîne symbolique à chaque passage.

 Dernière étape sur le pipeline : Oued Amizour.

Probablement à M'Zita

reprise 5

 La section des trans à trouvé un peu d'ombre, debout au centre : PAGES (?) au fond assis : RENVOISÉ.

reprise 6

On voit que les véhicules prêts à partir en intervention, n'étaient guère protégés.

Notre camp était d'un coté du cours d'eau à sec, pas très loin de la gendarmerie. Les baraquements de la SOCOMAN étaient sur l'autre rive. Le pipe line traversait l'oued un peu en amont. Il n'était pas posé en ligne droite, autrement dit : il zigzaguait, soit disant pour compenser la dilatation éventuelle en été. Mais un jour, un orage subit et violent effaça les traces du tube d'acier avant que le bornage de repérage soit effectué. Les voilà bien embêtés les vaillants ouvriers. Ils eurent alors recours aux transmissions. C'est un Sergent qui se chargea de retrouver le tuyau avec la ''poêle à frire '' SCR 625.

Une fois nous étions deux Zouaves pour aller chez le dentiste à Bougie. Le transport s'effectua dans la camionnette Peugeot du vaguemestre, en l’occurrence à cette époque, celui-ci était un dépanneur des trans : le Sergent-chef DUPUIS de la famille des bien connus joueurs de rugby. Le dentiste, un militaire du contingent, se mit un peu trop tard à commencer les extractions. Au retour au lieu de rendez-vous, plus de véhicule du 4ème Zouaves, et nos fusils étaient restés bien enroulés dans des sacs postaux vides. Il nous fallait bien rejoindre Oued Amizour, et sans arme, pas brillante la situation. Alors direction la sortie de la ville qui n'était pas trop loin. Nous voulions partir sur la route et faire du ''stop '', le responsable du poste de police n'était pas d'accord, à juste raison. Il trouva la solution, il stoppa un Ford qui prenait cette direction et en route pour le retour. Nous priment soin de faire arrêter le camion devant la gendarmerie voisine. Nous savions où les rouleaux de barbelés étaient légèrement aplatis, certains y allaient pour se payer une Kro, nous, nous n'avions droit qu'à des Gauloise de 50 cl, plus roteuses qu'alcoolisées.

Comme c'était l'heure de la sieste, ni vu ni connu, direction la Peugeot. Mais plus de fusils, que des sacs vides. Le chef DUPUIS les avait récupérés et planqués en douce. Nous en fument quitte, pour plusieurs Kro chez les voisins, et peut-être bien des gros yeux du Chef DUPUIS.

Et ce n'est pas encore sûr, il n'y avait pas de casse, mais on était arrivé au bout de notre mission. Le pipe line fut inauguré le 5 décembre 1959. La mise en place de ce gros tuyau, s'est passée sans incident notoire avec les HLL. Pourtant, on nous prévenait, vers les Portes de Fer et plus haut, ça chauffait dur, les troupes du Secteur étaient souvent accrochées. On arrivait et plus rien ne se passait, on faisait les fiers : « Ils ont peur des Zouaves ». On disait aussi : « Ils savent bien que cela va leur revenir, ils ne vont pas y toucher ». On saura bien plus tard, qu'il y aurait eu des tractations à un haut niveau. Mais Il y a longtemps que la grande majorité des appelés, tout en faisant leur devoir d'obéissance, avait compris que nous n'étions pas chez nous et que les Français devraient partir. 

Le 4ème Zouaves va s'installer dans les Maadid, la CCAS à Mechta Bichara

Le plus important du matériel était renvoyé sur M'Sila, à la ferme Giovannetti, qui devenait une base arrière pour plusieurs Sections pendant que les travaux de nivellement étaient en cours sur la future base. J'étais désigné pour garder la tente des trans, deux autres sans grade comme moi avaient la même tâche. Nous ne devions quitter à aucun prix notre matériel. C'est l'Adjudant Chef DANGLETERRE qui contrôlait ce groupe disparate. Mais il fallait bien assurer un minimum de propreté, surtout dans les toilettes. Il passait voir chaque Zouave pour tenter de mettre en place un minimum de service. Il se heurta à chaque fois à la même réponse : « Nous ne pouvons quitter notre poste, ce sont les ordres stricts de notre supérieur ». De mon coté, j'évoquais le S/Lieutenant ANDRIEU. Alors il advint ce qui était impensable : il afficha un papier sur l'une des portes avec ces mots : « l'Adjudant Chef DANGLETERRE de corvée de chiottes, hier, aujourd'hui et demain ». Devant tant de sollicitude, il va sans dire que l'on prit soin de salir le moins possible ces locaux indispensables à tous.

Pourtant, on sortait bien pour aller manger- il y avait un mini réfectoire -. Le dimanche matin on faisait un petit tour en ville. Encore plus, un Adjudant avait fait le tour pour monter une équipe de football. J'y jouais un match comme ailier droit contre une équipe de la station de pompage je crois. Puis après réflexion, ce sera le seul match, il ne faut pas tenter le diable, fût-il un bon diable comme notre Adjudant Chef.

Après quelques semaines tranquilles, on sera une douzaine de '' gus '' à être regroupés à M'Sila. Nous étions désignés pour partir en stage de radio graphiste à Sétif. Nous fûmes déposés avec armes et bagages sur le quai de la gare de B.B.A.les jours suivants. Il fallait voir le tas, avec tout le barda au complet. Le train qui arriva était déjà bondé, quoi faire ? les armes furent mises en pseudofaisceau, un gardien déterminé au regard circulaire viril assura la sécurité, un groupe sauta dans un bout du wagon, les autres passèrent rapidement sacs et valises. On entassa la plupart dans une toilette, le reste fut posé sur la valise du vendeur de ''gazouzes ''. Qu'est-ce qu'il a gueulé quand il a voulu s'approvisionner. Même pas trop poli ce loulou là. Il n'y a rien gagné. On a enlevé le plus gros, on a vu comment défaire la courroie de cuir qui fermait la valise en carton. Le bonhomme parti en livraison, nous les Zouaves nous n'avons pas eu soif pendant le parcours. Avec le poids des sacs qu'est-ce qu'elle s'était tassée la pauvre valise. A Sétif on fut dirigé vers la citadelle, et on se retrouva au moins une centaine de stagiaires entassée dans une immense pièce avec quatre piliers, pour supporter le plafond. Ce fut presque trois mois de rude labeur pour apprendre la lecture au son, le Morse. Au bout, il y aura le certificat 131 T.A. et aussi le 231 Tout Armes.

Ils diront : C'était leur guerre d'Algérie.

Mais arrivé là, ils y en a qui, en lisant cela, en ce XXIème siècle, vont se dire : Ils nous disent qu'ils ont fait la guerre d'Algérie, c'était ça ? Et oui, j'en étais arrivé en ce début septembre 1959 à n'avoir été en contact avec les autochtones, qu'au café d'Akbou, et aussi à M'Sila.

À Sétif, il y aura le guichet du cinéma. On était sollicité pour assurer régulièrement la sécurité dans les divers cinémas et on bénéficiait de billets gratuits. C'est à une de ces occasions, qu'étant au balcon, une offensive éclata au parterre, il en suivi un léger brouhaha, mais la projection ne s'étant pas arrêtée, tous les spectateurs se recalèrent dans leur fauteuil pour suivre la fin du programme.

Un autre contact régulier aussi, c'était l'épicier juif juste avant l'entrée de la Citadelle. On lui achetait un camembert, un bien fait, avec le lait de la Sarthe ou du Maine, enfin la basse Normandie. Déjà qu'elle odeur avant de le déguster. Quand il sentait un petit peu, la petite fille qui se néglige – attention c'est une formule -. On se régalait déjà avant d'arriver dans la chambrée.

 

 Dans la citadelle, { Zai ? } et le Zouave PERDRIAU : une bière, un livre, la pipe : pas l'air malheureux.

À propos d'odeurs, je ne vous dis pas la réaction de ceux qui allaient chercher le café le matin. Ils se précipitaient, au retour, pour ouvrir les fenêtres afin de dissiper les effluves que quatre-vingt dix bonhommes avaient emmagasinées au cours de la nuit. Il y avait aussi un café en centre ville qui nous voyait régulièrement, la fille du tenancier était bien gentille, et très jeune. Un grillage était posé sur les vitres de la fenêtre et de la porte, en protection. Ce n'était pas suffisant, le foutu H.L.L. ayant ouvert la porte lança sa grenade. Nous étions trois à une table, derrière il y avait deux solides légionnaires, l'un d'eux plaqua au sol la jeune fille qui les servait au moment même, et se coucha dessus en une protection efficace. Nous, nous nous étions coulés sous notre table. Tous, nous nous relevâmes les oreilles sifflantes. Heureusement c'était une offensive, mais un carreau de ciment du sol était pulvérisé, un bout de contreplaqué du bar était défoncé. Le bouchon allumeur, lui, avait volé en l'air et avait tordu, à angle droit, la grande aiguille de l'horloge, une carrée offerte par une marque d'apéritif. Le propriétaire perfectionna la sécurité, avec un décapsuleur de bière, le pêne de la serrure était débloqué avec une ficelle partant du bar quand le quidam avait le faciès honnête.

C'est tout ce que personnellement j'ai eu à subir comme risques directs. C'est que les contingents précédents avaient été efficaces. La situation militaire générale était en notre faveur, mis à part quelques incidents ponctuels, en ville et au djebel. Ceux qui ont vu le danger de plus près, hausseront les épaules, avec raison, sans doute.

Le séjour dans cette belle ville, mais marquée très tôt par l'amorce des ''événements d'Algérie '', se termina par une virée de fin de stage, qui passant dans la rue où Ferrat Abbas avait autrefois sa pharmacie, quelques '' godets '' éclusés çà et là, visite dans le quartier indigène des ''dames ''.

Après avoir réglementairement laissé notre carte d'identité militaire au poste placé judicieusement là et reçu le tampon adéquat, nous visitâmes le plus grand établissement. Nous, c'est à dire une dizaine des zouaves qui avaient été en fin de stage. Le portillon tournant en ferraille n'était pas très engageant, la préposée à l'entrée non plus, et sur les quelques cent cinquante pensionnaires, une seule était habillée à l'européenne. Chaque cellule était réduite, un lit, une petite table avec un phono, et la natte de travail. Mais seul entra celui qui s'était fait piquer son calot. La transaction fut rapide sans justifier semble-t-il une consommation. Au retour à la citadelle, un Adjudant beaucoup plus éméché que nous tous, nous gratifia d'une entrée tonitruante, en se joignant à notre groupe, et en nous prenant pour des spahis. Les jours suivants, ce fut le retour dans nos corps respectifs. Encore le train de Sétif à B.B.A, puis sans doute M'Sila et pour moi direction mechta Bichara.

 

Sur la piste, un mini Salaire de la Peur, mais beaucoup moins explosif !!!

Nous voilà donc, à quelques-uns, prendre la piste en direction des Maadid, cette piste était toujours en cours d'amélioration. Et tout a coup, arrêt au pied d'une mini falaise. La courbe très accentuée laissait voir l'évidence : ce n'est pas assez large pour le GMC ! Le chauffeur, habitué au parcours, nous demanda de descendre du véhicule et de descendre dans les gravas pour deux ou trois. Il fallait récupérer deux madriers de bonne longueur pour que les roues d'un coté prennent appuis dessus. Cela rappelait le film avec Yves Montant : '' Le salaire de la peur '' Beaucoup moins spectaculaire, le camion n'était chargé que de nos équipements et pas de nitroglycérine.

Le camp semblait installé soigneusement, et pour durer. Les SOFACO montées sur des bases en maçonnerie. Le mess des Officiers tout en pierres apparentes, avec une demie terrasse.

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P1140022Les Trans. L'abri des groupes et les murets seront montés par mes soins.

 

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  À droite, à partir du haut : BOUILLAUD, RENVOISÉ, LABRAISE, SIMONIN puis, MAZELIEZ, RICHAUME, PERDRIAU et en bas, Abdherahim DIABI qui va remplacer RENVOISÉ comme régulateur.

 

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 Le coin de ma ''piaule ''

Pour ma part, on m'installa directement dans la station radio. Surprenant pour un nouvel arrivant, je compris plus tard. Le lit paraissait plus large que le traditionnel ''Picot '' et le matelas formé de laine et de crin. Il y avait aussi une grande armoire noire collective. On m'indiqua que tout cela avait été subtilement récupéré au cours des nombreux déplacements pendant la protection du pipeline. Des caisses de munitions, récupérées elles aussi, formaient un placard-séparation bien pratique. Mais je ne me souviens pas si c'est le S/Lieutenant ANDRIEU, Officier des trans, qui me reçu. L'initiation sera rapide : voilà un SCR 193, deux C 9 en batterie, plus un peu plus loin un SCR 300 pour la phonie. Le central téléphonique était au bout. Il mettait en communication en interne tous les services de la CCAS, plus une groupe de protection au dessus, et à au moins un kilomètre, j'appris que nous étions le seul Régiment à ne pas être relié téléphoniquement avec la Division, ( était-ce vrai ?? ) Alors, il y avait beaucoup de messages à capter.

 

Le Q.A.P. : Sur 24 heures et avec seulement deux opérateurs.

Voila pourquoi la place était libre dans la station radio. Nous n'étions que deux pour tenir le QAP sur 24 heures. Le caporal chef VANECQUE m'expliqua que la permanence serait de 19 heures de suite un jour, et de 5 heures le lendemain. Hou là, moi qui n'avais jamais fait de réseau, quel choc, et puis ce brouhaha de parasites et de stations aux fréquences ( trop ) voisines qui vous saturaient les tympans. Mon supérieur était un (c'hti) peu expansif, froid, un vrai taiseux. Mais question travail, il sut m'expliquer absolument toutes les subtilités de la procédure. Car si nous nous dirigions les postes de nos Compagnies, sous l'indicatif ''Alembert '', nous étions sous les ordres du Secteur de M'Sila , ''Pilaf '' l'indicateur de 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique ... Mais en vrai chef, VANECQUE me conseilla continuellement, n'hésitant pas à me remplacer un temps, au moment du coup de feu, sur son temps de repos, quand il sentait , mieux que moi, venir la fatigue.

Mais alors qu'est ce j'en ai pris des grands formulaires pour écrire trois lignes. C'est que ''Pilaf '' annonçait :  ZUG ZBF, c'est à dire en langage usuel : négatif grand format et par déduction : petit format. Je ne sais pas si cela était dans la procédure réglementaire, mais dans la rapidité de la manipulation de l'appel, je ne retenais que le dernier code : grand format. Heureusement, la dotation était large, mais le régulateur était obligé de recopier le texte sur un petit format pour éviter le ridicule devant des autorités destinataires.

Pour en revenir à mon chef de poste, il ne copinait pas avec les gars de la Section trans. Il passait son temps libre avec les autres '' chtimis '' de la Section autos. C'est là qu'ils étaient le plus de son contingent. Car nous étions une majorité de gens de l'Ouest, beaucoup de Normands, quelques Bretons, et au sud, des Charente-Poitou. Mais nous l'aimions bien quand même car il était bon pour nos estomacs. Toutes les semaines, il recevait un colis de sa famille, surtout de sa sœur. Beaucoup de charcuterie et de bonnes choses pour la bouche. Au début on ne savait rien du contenu, il en partageait sans doute une partie avec ses copains. Sans doute pas assez, car un jour on se rendit compte que l'odeur qui provenait de son coin, dans la grand armoire, devait être supprimée. Ce qu'ensuite on faisait régulièrement, sans que cela ne soulève une quelconque remarque de sa part. C'est dire que, prenant de plus en plus d’hardiesse, dès le stockage du colis, nous procédions à l'inventaire de ce que nous nommions ''La réserve opérationnelle '' dans les plus brefs délais.

Son retour à la vie civile fit que je devins ' ' le plus ancien dans le grade le moins élevé ''comme chef de poste officieux, avec l'arrivée d'un fort contingent de graphistes et autres venant de Clermont Ferrand.

Comme j'avais une formation incomplète pendant mes classes en raison d'un séjour à l'hôpital Henri Limouzin de Fribourg, la hiérarchie avait essayé de la parfaire réglementairement par quelques exercices de tir. Mais à deux opérateurs, j'étais de service ou je dormais. On me traîna aussi une nuit pour une embuscade non loin du camp. C'est là que je me rendis compte que les indigènes qui descendaient de leurs villages marchaient sans bruit, mais qu'ils étaient trahis par leur odeur corporelle.

Devant mon peu de bonne volonté, attention, pour cause de fatigue, l'Adjudant de Compagnie se découragea et je restais '' un sans grade ''.

Tous ces bons gars arrivés du centre de la France ayant trouvé leur place au sein de la section, le travail repris sereinement. Mais il y avait un petit problème : les graphistes n'étaient pas au top. Ils avaient du mal à capter rapidement les messages, la faute à quoi : sélection ou formation trop rapide ? Le Secteur envoyait alors le code : ZZO 3, qui signifiait changer d'opérateur. Le régulateur venait me chercher au foyer, je revenais à la station, envoyais le préposé faire provision de bières et tapais mon indicatif personnel. Alors ça ne traînais pas, on tournait à plus de 900 signes, et les QSL accusés de réception – s'enchainaient à toute vitesse.

Il y a quelques jours, j'écris ces lignes le 21 novembre 2014, jour de mon anniversaire, Emile Guillaume, qui m'avait appelé au téléphone, avouait spontanément : << on n'étaient pas terrible en morse, surtout moi >> . Il était douanier, pardon, je ne suis pas Fernand. Raynaud, il était Caporal chef.

La manipulation était bien meilleure, il est vrai que nous étions gâtés. Nous avions un manipulateur double, fait avec une lame de scie à métaux et un chef du matériel nous avait réalisé un '' vibro '' ? D'un coté on faisait le trait par contact direct, et une masselotte maniée avec doigté de l'autre coté, nous sortait harmonieusement les points. Qu'elle modulation avec le SCR 193, qui envoyait ses 75 watts de puissance sur les ondes.

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La station, avec à gauche une partie de l'émetteur du SCR 193, son récepteur surmonté du haut parleur. Les deux Angrc 9 avec dessous leur alimentation à parti des batteries. Un haut parleur à droite et à gauche. La chaise du radio est vide, sur la table on devine un manipulateur perfectionné à ressort de renvoi et à sa droite, sur une plaque plus claire le manipulateur double. Tout à droite, les T U de fréquences pour le 193. Le radio René DAVID doit être à rédigé un courrier personnel, et devant le régulateur RENVOISÉ.

   

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Ce n'était pas le tableau de bord d'un Constellation, mais il y avait une centaine de boutons divers. La station en couleur, avec le Caporal LIGEROT en service. A droite, il y a un C 9 avec son couvercle, en réserve et plus à droite, le poêle bien utile la nuit. Un soir alimenté avec de l'huile de vidange du service auto, mal décantée ou bien polluée de neige fondu : il explosa noyant tout sous une suie grasse, qui collait dès qu'on la touchait. Je vous laisse deviner le nettoyage.

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   Un matin de départ en opération avec les autorités du 4ème Zouaves.

 

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 sur un piton.

 

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L'équipe des transmissions à Bichara pour une partie de pétanque rituelle

 

Le 23 novembre 1979, j'ai su ce qu'étaient devenues les installations du camp. Un belge, Pierre d'Ursel, était venu faire une conférence sur l'Algérie dans une commune voisine, au Pin en Mauges. Il était allé sur place et tout était dans un état déplorable. Les baraques étaient défoncées, plus de porte, les rouleaux de barbelés n'avaient même pas été enlevés. Ils avaient jeté des triques de bois et passaient dessus. Si on regarde sur Google, on voit que le passage est différent et tout semble avoir été rasé.

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Noël 1960 au Trans. Le clairon, RENVOISÉ, l'opé ciné, DAVID, Téléphoniste, PERDRIAU, RICHAUME, LABRAISE avec le bidon de Calva (X et X ) en bas le Caporal-chef GUILLAUME.

 

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 A la porte des Trans les Zouaves PERDRIAU et BOUILLAUD

Il y avait quand même bien du temps de libre, et comme je me promenais toujours avec un appareil de photos... J'étais arrivé avec un Ultrafex 6x9, offert par mes parents quand j'ai commencé à travailler, à 13 ans et demi. En Allemagne, j'avais acheté un 'Petit ' de la dimension d'une petite boite d'allumettes, puis au foyer de Bichara, un 24x36 Savoy II, qui me sortait des diapos couleur. Au début, on avait développé les 6x6 et les 6x9 en N et B, et glacées sur les vitres de la SOFACO. En réalité, c'est le Caporal BOUILLAUD qui était le maître d'œuvre, il sera muté après un clash avec un gradé.

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  Regroupement pour contrôle d'identité et aussi pour le sport à l'école de Bichara.

 

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 Le Zouave Jean-Louis PERDRIAU

Il y a des journalistes qui nous apprennent notre activité en Algérie, eux qui n'y ont jamais mis les pieds, comme K… dans l'Express, ou des cinéastes – historiens qui n'étaient pas présents eux non plus, comme B. S…… qui nous font passer pour des tortionnaires et des tueurs, si,si, regardez donc entre les lignes et les images. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !!!!.

On n'avait pas demandé à aller là-bas, mais la grande majorité des appelés c'est comporté très honorablement. Il régnait un grand esprit de camaraderie entre nous tous grades confondus. Il n'y a pas à rougir de notre comportement, même ceux qui sur le terrain ont remporté le combat. Il y eu bien pire que le comportement d'une minorité de nos troupes de choc.

 

Scènes de Vie, Scènes de rues, Scènes du bled

sur une place de M'Sila

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Une A.S.S.R.A. stagiaire au souk

 

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  avec seulement une cane et un couteau de table                                                                                                                                                                                  

 

 

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remplissage de l'outre

 

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 les fatmas du Hodna

 

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 la charrue est rustique, plutôt une araire.

       Avec des vêtements venus de Métropole.   

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                                                                                        une jeune mère et son enfant

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La lessive des femmes

Cliquer sur les photos du blog pour les agrandir.

 Je vais indiquer maintenant, les noms qui me reviennent, bien que certaines têtes sur les photos ne me disent rien. Parmi les officiers, je ne me souviens pas du commandant l'unité au début, mais j'ai déjà cité le S/Lt ANDRIEU des trans. L'Adjudant de Compagnie dit <>, aucun souvenir de son nom. L'Adjudant Chef DANGLETERRE. Le Capitaine de la CCAS, RAYMOND, un bon petit gros qui parlait facilement avec la troupe. Le Lieutenant FERRET, Officier du 2ème bureau. Il venait souvent à la station apporter ses messages. Il passa Capitaine, mais on lui servait par habitude du '' Mon Lieutenant ''. Au bout de quelques temps, il tapota avec deux doigts son épaule : "Eh les gars, faudrait regarder". Je ne me souviens pas qui était là, devant lui, mais il lui sortit : "Ah oui, excusez nous Mon Lieutenant". Il tourna les talons, je crois bien en grommelant. Mais il n’eut plus à nous faire de remarque.

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 Le Capitaine POSTY, venait aussi souvent à la station. Et aussi le Capitaine FLAMANT, qui arrivait je crois des Tirailleurs, début novembre 1960. Il était, peu de temps après son arrivée, désigné pour encadrer un regroupement de villages à Tléta. Le Sergent-Chef WOLF, qui commandait la Section trans, me demanda d'y aller comme radio. Je fus très réticent : à quelques mois de ma libération, vous ne pensez pas ! je me dirigeais donc vers Tléta avec un Sergent d'active, un Caporal, un cuisinier, un infirmier et quelques gus. On s'installa tant bien que mal dans deux guitounes et le soir, tous réunis dans la même, le cuisinier faisait donner son four pour nous réchauffer.

Le Capitaine dans la journée surveillait les hommes du village qui aménageait une piste. Il était coiffé d'une sorte casquette Beanie, comme les chauffeurs américains, et pour le retrouver quand il y avait un message à lui communiquer, ce n'était pas du gâteau. Si bien qu' au bout de deux ou trois fois où je le coursais plutôt essoufflé, il me demanda : "Combien de temps d'armée ?", "Presque deux ans mon capitaine" ; "Ce ne sera pas la peine de courir après moi, vous n'avez qu'à répondre à ma place". Ce n'était que de l'intendance générale bien sur. J'eus droit à une remontrance quand les Officiers supérieurs vinrent visiter le site. Un cinq barrettes me fit remarquer : "Ce n'est pas très respectueux votre fil d'antenne accroché au mat des Couleurs". Penaud, je m'excusais prétextant l'absence d'un arbre dans le voisinage. À la réflexion, il y a ce qu'il faut dans la dotation opérationnelle d'un C9.

Mais basta, le jour j'aidais l'infirmier au tri des propres et des pas propres qui venaient se faire soigner. Ils étaient si nombreux que rapidement il a été indispensable de faire bouillir de l'eau pour allonger le '' Mercurochrome '' qui devint bien clair. J'écoutais mon poste jusqu'à minuit, la sentinelle me réveillait toutes les deux heures, "Alembert Gris" prenait contact avec "Alembert", et à 6 heures, c'était le C.R.N., le compte rendu de la nuit, comme dans tous les postes.

Après le déjeuner, je passais en phonie avec indication de tirer un coup de fusil si un appel me concernait, et je partais dans la nature pour m'aérer. En passant à coté d'un gourbi, un habitant me salua : << labess, amdoulla >>, il me propose un caoua. Il parlait un français acceptable, sa femme ne se retira pas dans la pièce voisine, elle servi le café. Il m'indiqua qu'il avait travaillé en France, chez Chausson, à la carrosserie, peut-être celle de l'Ariane de chez Simca ? Il me posa une question qui m’embarrassa un peu : "Qui est le mieux, Mr de Gaulle ou Mr Abbas ?". La réponse ne fut pas spontanée : "Qui c'est pour l'instant qui apporte de la farine et de la semoule !! alors". Je ne m'étais pas mouillé.

Au bout de deux semaines ? On était remplacé par un groupe de la 1ère et de la 4ème Compagnie. Il y avait eu un exercice, alerté par une fusée. Les chasseurs avec un blindé étaient venu à notre secours. Que cela avait été long, on avait largement le temps de se '' faire couper cabèche ''.

 

Les zouaves de la 58 2 C :

 Pour certains, j'ai le lieu de résidence :

BARDAZZI; BERNIEL; BOURDET; BRETTES; CARPENTIER; DAVID; DENORD; DUPUY; LAUBIE; LENOIR; Le S/LT. LEVERT ; MOULARD; MONTEREYMARD; OGER; PERDRIAU; PEROT; RICHARD; RICHOMME; SAMSON; VIAUD; MAINTEAU; GESLIN. Et puis bien sur : LIGEROT; SIMONIN; GUILLAUME que j'ai déjà nommés, avec quelques autres.

Pour la plupart, nous avions fait un petit gueuleton ensemble le 9 avril 1961. Les gars des bureaux de la CCAS avaient préparé un petit opuscule, aux Armes du 4ème Zouaves, avec un petit quatrain sur chacun, moquant un peu nos travers respectifs. Est-que cela va permettre de prendre contact ? Il y a la liste sur le blog avec beaucoup du commando, ils avaient un esprit de corps qui leur permet de rester en contact encore aujourd'hui. Bravo à eux. Parmi les anciens d'AFN de ma commune, un certain nombre se retrouve régulièrement, souvent à l'initiative d'un ancien gradé de leur Corps. D'autres on repris contact au pèlerinage de Lourdes. Beaucoup ont sorti de leur tête leur séjour en Algérie, et pourtant, dans les réunions patriotiques, il faut peu de mots pour relancer des souvenirs, surtout les bons, les plus durs moments sont quelquefois difficiles à extirper. Bravo aux gars du commando des Zouaves qui ont la chance d'être encore soudés <>.

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 L'intérieur d'un gourbi au cinquième de seconde

 

Quelques images qui montrent le quotidien des activités de détentes des Zouaves du 4 ème.

Ce que ne montrent jamais les films de pseudo historiens : c'est à dire la réalité dans les dernières années de notre présence.

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Des postures pas très militaires, mais content de faire l'âne au souk.

 

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Un Zouave suivi d'un chien errant

J'eus la chance de pouvoir choisir de venir en permission, au bout d'un an. J'étais en France pour voir à la télévision le lancement du paquebot "France" le 11 mai 1960. Permission plutôt morose, tous les copains étaient eux aussi de l'autre coté de la Méditerranée. Une visite pour les camarades de travail, la famille, et le dimanche, les anciens vous interpellaient : "Déjà revenu !!!", "Ah non, encore un an", "Alors bon courage". Encore que je rallongeais ce séjour. J'avais bénéficié, à Sétif, de deux jours de permission pour avoir contribuer à sauver la vie d'un camarade. On me fit parvenir la confirmation sur place. J'avais pris soin de relever les départs des bateaux pour ne pas faire des corvées en attendant le prochain. Je restais donc quatre jours de plus chez moi. A Marseille, on tiqua bien un peu, mais tout avait été fait dans les règles, alors...

 

La Fête du Bataillon - La découpe du méchoui préparé par les FSNA- Les autorités ont été invités. Deux ASSRA, une FSE l'autre FSNA.- Adjointes Sanitaires Sociales Rurales Auxiliaires - personnel féminin ayant une formation sociale et paramédicale pour assurer les soins dans les dispensaires disséminés- étaient présentes. Le 5ème Bureau du Bataillon avait organisé un concours de photos pour une exposition itinérante à montrer à la population. Mes photos ont été retenues.

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Curieusement, on n'avait pas beaucoup de contact entre nous, hormis ceux qui étaient indispensables pour les nécessités des services. Notre tâche nous accaparait avec le sentiment de le bien réaliser. Nous avions été éduqué ainsi, mais on ne courrait pas après quand même. Nous aux trans, quand l'Adjudant de Compagnie ou le Capitaine faisait une crise - on disait de palu - , et qu'ils raclaient dans les Sections, les - de repos - pour, par exemple, nettoyer la place centrale, on avait une astuce. On débranchait, sur le central, la ligne qui nous reliait au poste de surveillance au dessus dans le djebel. "Chef, on n'a plus le contact avec la côte 1098 ! ceux qui sont de repos, il faut aller répare la ligne sans tarder. Oui chef, on y va tout de suite". Les malins prenaient leur arme, un rouleau de KL 4 et un EE 8, le téléphone de campagne. On montait jusqu'en haut, on se désaltérait, un peu de causette. Pendant ce temps, le centraliste avait raccordé la ligne. On redescendait en douceur, pour ne pas rater le repas, et si on voyait le chef, il avait droit à un regard faussement satisfait, de la tâche accomplie.

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 Là on avait fait fort, puisqu'on avait une échelle pour raccrocher la ligne sur les poteaux. Le départ était ainsi, au milieu des habitations de Mechta Bichara, ensuite la ligne courait au sol. PERDRIAU, ( X ) MAZELIER, le Caporal Chef GUILLAUME, et assis sur le rouleau de KL 4, le Caporal DAVID.

Au milieu du village, sur une partie rocheuse, j'avais été obligé de construire un socle en maçonnerie circulaire,  en pierres - à froid -. Les maçons comprendront, c'est une formule du métier, par opposition à une maçonnerie avec du mortier de chaux. Sans chaux, c'était à froid ?? Nous sortions facilement du camp, moi souvent avec RENVOISÉ, quand il avait été de permanence et de repos, donc en même temps tous les deux. Avec lui, c'était photos, avec l'autre régulateur RICHOMME, c'était surtout pour acheter des œufs.

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Le Zouave Richomme achète des œufs.

Comme en témoignent plusieurs photos. On cuisait les œufs dans le local du matériel situé au milieu d'une des grandes Durelith. Il y en avaient plusieurs, certaines compartimentées pour loger des Officiers et des Sous-officiers, d'autres pour la troupe et différents services.

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Les anciens combattants étaient choyés et on armait les jeunes femmes !!

Un hélicoptère civil en visite, c'est celui du professeur André BERTHIER, archéologue et conservateur à Constantine. Il vient inspecter le site autour de la Kaala des Béni Hammad et sans doute envisager des fouilles. Pour nous, à part la tour, c'était un désert de pierres. Tout l'ensemble est maintenant dégagé et se trouve être les vestiges de la seconde mosquée en grandeur de toute l'Algérie. Le site est maintenant classé et protégé.

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Il va falloir fermer le livre aux souvenirs, car la libération va arriver. En cette fin avril, le contingent de la 58 2 C avait rendu armes et paquetage. Et ce matin là, j'interpellais les zouaves de service dans la station, j'y couchais toujours. D'un air vaillant et enjoué j’annonçais : "Vous allez voir un ancien qui prend son dernier jus". Ma joie n'était pas à l'unisson, et réflexe de radio, je tends l'oreille, les postes sont muets : "Qui c'est qui a encore déréglé les postes ?" Puis le poste civil se met à vibrer sous les accents d'une musique militaire. C'était le Putsch des quatre Généraux.

Quelle tuile pour les libérables que nous étions, avec déjà la tête ailleurs qu'à l'armée.

Le capitaine , nous ayant réunis indiqua : "ne semez pas la panique parmi vos camarades, la discipline doit rester la force d'armée, le foyer est à votre disposition toute la journée, si vous désirez sortir du camp, prévenez-nous, on verra pour une escorte".

Il va sans dire qu'on se tiendra tranquille, on avait pas envie de faire du '' rab '' pour mauvaise conduite. De mon coté, j'étais en permanence dans la réserve du matériel où je suivais les messages qui arrivaient. En particulier ceux venant de la Division à Constantine. Le Général Gouraud sera pour le putsch, puis contre et à nouveau pour. Peut-être dans un autre ordre, en tout cas il sera condamné. Le 23 avril, on entendit le Chef de l'État dire de stopper les insurgés par tous les moyens, répété une seconde fois. Dans la nuit, des Sous-officiers hissèrent un drapeau avec une croix de Lorraine, qui disparu au matin. Tout le monde attendait, mais on devinait que l'ensemble de l'armée tardait à se joindre aux quatre généraux. On sait maintenant que le contingent sera pour beaucoup dans le soutien à De Gaulle.

Tout à coup, je captais un message indiquant que les libérables devaient rallier rapidement Alger où le "Kairouan" était réquisitionné pour rejoindre la métropole. Tous le contingent sera prévenu dans l'instant, et quand le clairon sonnera pour un départ dans une demie heure, chacun arriva dans l'instant avec sa valise, prêt à embarquer dans les camions. On prit le train à B.B.A., où des wagons à bestiaux étaient à quai.

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Les Zouaves WANECKE - SIMONIN - RICHOMME et X

 Il n'y en avait qu'un de voyageurs pour l'encadrement. Dans le va et vient du convoi, il s'arrêta devant notre groupe, sans hésiter on sauta dedans. Personne n'osa nous déloger, l'encadrement en l'occurrence se faisant tout petit. Sur le port, les pieds noirs ne nous faisaient pas beau visage, on nous avait distribué des oranges qui servirent de projectiles. Mais ouf, ont était dans le bateau du retour.

On débarqua sans problème, et départ en train pour Paris, les wagons bondés de militaires. Au premier arrêt, sur le quai, il y avait la dame avec son chariot de boissons et autres. Un nuage de militaires l'entoura, en quelques secondes elle fut dévalisée, c'est le vrai mot, sans récupérer un centime. A l'arrêt suivant, des gendarmes tous les cinq mètres nous interdisaient toute récidive. On sera sans doute ventilé à partir de Paris, car je ne me souviens pas avoir pris le Lyon- Quimper, pour rejoindre l'Anjou. Le souvenir des copains s'estompa peu à peu, mais heureusement le blog du 4ème Zouaves magnifiquement construit se créa, et nous voilà......

 Le retour à la vie civile, se fera sans trop de problème pour la plupart, ponctuée par les manifestations patriotiques, les banquets et les voyages. On était désormais des Anciens Combattants d'Algérie........

Ici devant le Monument aux Morts du Fief Sauvin, qui fait unique en France, comporte la statue d'un Poilu de 14-18à gauche avec son fusil, et de l'autre coté, un paysan soldat de la guerre de Vendée en 1793, avec sa houe.

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Jean Louis Perdriau, le 26/11/2014 .

 

   ZOUAVE_ADELL_1  Sergent  Jean ADELL,  1ère Compagnie :

 

ZOUAVES SUR CONSTANTINE

 

Au printemps 1960, le bataillon fût désigné pour fournir un détachement de zouaves aptes à assurer une mission particulière sur Constantine.

L'objectif était, pour quelques semaines, de pourvoir en une garde d'honneur au palais-résidence du Général (GOURAUD), commandant la région militaire.

Le Q.G du Bataillon organisa un prélèvement sur les unités du 4ème Zouaves.

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Ces hommes, rassemblés sur Bichara en tenue n° 1, perçurent un complément d'accessoires d'apparat. A savoir : longue ceinture de flanelle bleue que venait bloquer un ceinturon de cuir blanc avec gants et guêtres assortis. Ce qui nous donnait une allure un peu plus solennelle.

C'est par voie ferrée depuis B.B.A. et sous les ordres du S/Lieutenant Sirvent et de son adjoint, le Sergent-chef Vesel, que nous prîmes " la route " pour le Constantinois. 

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Arrivés en pleine ville et au cœur de la Médina, nous découvrîmes notre nouveau et temporaire " casernement ". Une grande bâtisse nous attendait. Le lieu n'était autre que le palais du dernier Bey de Constantine qui fut, après reddition de ce dernier ( 1847 ), investi par les autorités militaires de l'époque. Là, en sous-sol, un grand local aménagé en chambrée collective accueillit les hommes voués aux futurs tours de garde. Bien entendu, pas question d'assurer la mission en tenue de combat. En l'occurrence les tenues n° 1 et accessoires se préparaient avec grands soins.

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L'effectif permettait de désigner des hommes de garde un jour sur deux. Une équipe d'une douzaine de gars, en grande tenue, était consignée au poste de police pour 24 heures, avec prise des repas et repos des sentinelles en ce lieu. Le jour suivant, ils avaient " quartier libre ".

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La prise de fonction débutait, à la première heure le matin, par la mise en place de la garde montante, par un cérémonial traditionnel depuis la place face au palais. Après cette relève, des zouaves en armes et sous le commandement du chef de poste ( un sergent ), se consacraient à la montée des couleurs au mat implanté au milieu de la place ( publique ). L'évènement se déroulait avec sonnerie réglementaire au clairon. En soirée, la descente des couleurs se pratiquait dans le même ordre.

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Nous avions deux accès au palais qui nécessitaient la présence permanente de sentinelles armées. L'entrée principale face à la place avec accès au poste de police sur le coté, et une entrée secondaire donnant sur une ruelle latérale au palais.

Les consignes de service et autres nous étaient communiquées chaque fois par un Sous-officier ( Adjudant-chef) attaché au palais et assurant des fonctions d'ordonnance et intendance. En particulier, lorsque le Général devait quitter ses bureaux, nous étions alertés par ce Sous-officier. Dès lors, le chef de poste s'empressait de rassembler à la hâte et dans le prolongement de la porte principale, les hommes de garde en cours de pause. Tout en rendant les honneurs à cet Officier-général, nous subissions de sa part, une inévitable inspection.

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Les sentinelles en place étaient relevées toutes les deux heures. Les trajets nécessaires jusqu'aux emplacements concernés nous obligeaient à traverser une bonne partie des infrastructures composant cette immense bâtisse. Par contre, nous n'étions pas autorisés à circuler partout librement. Toutefois ces cheminements indispensables nous permettaient de découvrir et apprécier quantité de réalisations typiques d'art mauresque que l'empire Ottoman et son dernier représentant ont su réaliser. Des longues et larges galeries avec arcades au travers desquelles la vue portait sur de magnifiques cours et jardins intérieurs abritant de luxuriantes végétations. Des corridors habillés de marbre et d'élégantes colonnades arrivaient à surprendre le plus indifférent de nous tous.

 

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Sortis de nos 24 heures de service, nous étions libres de notre temps. Moments de liberté que chacun d'entre nous vouait à de longues et sympathiques balades en ville. Constantine, grande cité animée, aux artères très vivantes qui nous autorisaient des visites et découvertes intéressantes.

 

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Le tortueux et impressionnant ravin du Rhümel; ses ponts qui l'enjambaient avec audace, dont celui de Sidi M'Cid avec ses 178 m. d'à-pic.

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Le carrefour névralgique que constitue la place de la Brêche où tant de monde et véhicules convergeaient à longueur de journée. De longues et grandes artères peuplées de nombreux commerces variés. En cours de journée, des salles de cinémas nous étaient accessibles.

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Les bains que l'on prenait à la piscine olympique de M'Cid dans un bassin de natation où l'eau chaude naturelle arrivait à plus de 30 °.

Que dire des bistrots et restaurants où l'on croisait quantité de militaires de toutes armes, de passage ou en permissions, venant pour quelques heures se détendre et oublier les aléas et vicissitudes du bled.

Hélas les jours passèrent vite et notre mission, à la mi-mai, arriva à son terme. Par la force des choses, il nous fallut céder notre ( bonne ) place à une nouvelle unité. Nos belles tenues réintégrèrent le paquetage. La tête pleine de souvenirs, avec un rien de nostalgie, nous avons  pris le chemin du retour. Et le train, à nouveau, nous ramena à notre vocation première :

           Les Maâdid ..........................

Marches dans Constantine :

 

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Parcours du Caporal Michel BOUCHET de la 4ème Compagnie :

 

 

Arrivé en Algérie le 1er Mars 1961, affecté à la 4ème Compagnie, au PC Bataillon dans les Maadid, puis au poste de Régata, fin juillet 1961.

Août et Septembre 1961 région de Sétif, protection de ferme - Aïn Tagrout.

Octobre 1961, frontière marocaine au dessus de Nemours.

Novembre et décembre 1961, Oranais-Fleurus.

De fin décembre à la libération, Oran, Opéra, puis front de mer.

Rapatriement par avion le 4 juillet 1962 suite à la fermeture du port après les incendies.

 

 

Zouave GODIGNON portrait  Le Sergent Marc-Louis GODIGNON, Commandant la Section d'Appui de la CCAS :

J’ai servi en qualité d’appelé 58 1B en Algérie du 4 décembre 1959 au 11 juillet 1960, au  Bataillon du 4ème Zouaves, Volontaire Algerie dans une Unité combattante, puis Sous-officier ADL. Je commandais la Section d’Appui de la CCAS de Mechta Bichara sous les ordres du Lieutenant-colonel BORET et son adjoint le Chef d’Escadron LOUIS, du Capitaine RAYNAUD, commandant la CCAS, remplacé le 16 août 1960 par le Capitaine FIORE, des Lieutenants LEGAL et FERRET, de l’Adjudant-chef DUBOIS. Il y avait également le Sergent-chef DUPUIS et le Médecin-Capitaine BANDINI, si mes souvenirs sont bons.

Zouave GODIGNON 1

Le Sergent GODIGNON devant la CCAS

 
J’ai servi un temps à la CCAS, puis j’ai pris le commandement de la Section d’Appui juste derrière l‘enceinte militaire, sur le piton au sommet à 1098 m d’altitude, derrière la CCAS, en plein djebel des monts Maadid, proche de la Qualaa des Beni Hammad, à 30 kms de M'Sila, avec deux Caporaux et 20 Zouaves et notre chien Tarzan donné par la suite aux chasseurs.

 

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Le Sergent GODIGNON devant le bivouac de la Section d'Appui

 

Nous couchions sous tentes dans des conditions difficiles et percevions la prime de bivouac.

 

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                                                                        Devant la baraque Sofinco  Assis : Le Sergent GODIGNON    Sergents GODIGNON en haut et DEL MEDICO en bas                 

                                                                                   derrière, au centre : Le Sergent DEL MÉDICO


A la CCAS, je couchais dans une SOFACO avec le Sergent DEL MEDICO, un excellent maçon de Chambery, lequel a largement contribué à la construction des bâtiments du camp en remplacement des bivouacs, et deux autres Sergents, dont un séminariste.

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La Section d'Appui sur le piton


​Avant de monter Commander la Section d’Appui, j'assurais la protection des courriers M’Sila - Bichara, la sécurité des transports,

 

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Liaison courrier sur M'Sila

 la garde des détenus, la surveillance à la construction de la piste d'accès au camp de la CCAS, et autres missions de pacification, de surveillance, de l'autre coté du piton, dans la vallée habitée, donc douteuse, liaisons aussi  avec Bou-Saada et M'Sila, rarement avec BBA.

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Le Sergent GODIGNON en pacification dans la vallée

 
Parfois nous allions à la chasse à l’allouf en zone dangereuse. Notre capitaine de Compagnie RAYNAUD appréciait le civet au vin rouge, mascara, sidi Brahim ou Gelbar achetés à M’Sila ou à Bordj. Je ne suis pas chasseur mais le seul gibier tué à ce jour était un sanglier de 130 kg avec mon ami montluçonnais BOUILLAUD.

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de gauche à droite : Les Sergents GODIGNON et BOUILLAUD

Participation à des Opérations menées conjointement avec le 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique  et notamment avec la 3ème Compagnie Commando de Chasse V66.
Une nuit, nous avons accroché avec des félouzes avec l’appui des mortiers sur un point de ravitaillement sur une cache de 17 tonnes de blé enfouie sous terre que nous avions  minée à l éclairante. On a  pilonné l’endroit avec les canons de 75 SR et mortiers.

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Le Sergent GODIGNON servant le canon 75 sans recul le 3 mars 1960

J’avais fait mes classes à Fréjus au camp LECOCQ avec qualification canon 75 sans recul et j avais suivi le stage d’artificier à Telergma. Le lendemain,  nous décidions de récupérer les 7 tonnes de blé cachées dans ce sous-sol aménagé pour les distribuer aux pauvres gens des mechtas voisines.

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Chargement d'une partie des 7 tonnes de blé récupérées. Au premier plan, le Sergent GODIGNON


Par la suite, j’ai fait carrière dans la Gendarmerie, volontaire pour des affectations au Liban, à Saigon, au Cambodge et en Yougoslavie durant les conflits. Je suis en retraite de Major depuis 1993.

​Des souvenirs, des regrets, des bons et des oubliés... A bientôt 80 ans, je suis resté Zouave et Gendarme dans l'honneur et fier de ma carrière.

 

"Etre Zouave est un Honneur, le rester est un Devoir "

 

 

 

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